Démarche artistique

La photographie a marqué et marque ma vie de façon profonde. Elle est le médium qui m’a introduit au monde vivant. Naître est bien insuffisant pour être à la vie. Il y a des quantités de façon de vivre. On peut vivre comme si l’on était mort parce que l’expression vous manque. Puis un médium s’offre à vous et ce qui n’était pas dicible le devient, ce qui n’était pas partageable le devient, et petit à petit la voix des autres se mêle à la vôtre. Et le monde devient vie. La photographie s’est imposée à moi comme « langue » et plus largement comme « langue vivante », donc toujours en cours d’évolution et toujours questionnée. A ce titre, elle est une façon d’habiter le monde.

Ma photographie à ses débuts semble marquée par « l’absence », « l’absence » d’êtres humains. Au moment où le numérique s’impose, je poursuis avec l’argentique et ma quête du vivant semble se faire loin de l’humain. L’utilisation d’une longue focale me permet de décontextualiser mes sujets qui s’affirment au monde par le prisme de la lumière de façon parfois hallucinatoire voire expérimentale. Mon travail photographique pose dès ses premiers instants la question de la photographie même, bien qu’il s’agisse de scènes et de choses de la vie quotidienne telles qu’elles se présentent à nos yeux. Il s’agit d’approcher le visible d’une manière apparemment simple pour faire ressortir l’épaisseur de la vision, et ses filtrages mentaux autant que culturels et techniques. Les moyens utilisés sont rendus clairement visibles telle une machinerie. Les codes de la photographie sont questionnés comme ceux de la photographie de voyage, de l’abstraction, du romantisme…

Dans mon travail photographique, cette absence de connexion à l’humain est pourtant toute relative. Cet humain s’impose par l’ombre qu’il projette sur le monde, par cette place toujours aléatoire, incertaine, problématique, précaire que lui réserve la société et que ma photographie révèle et questionne de façon toujours plus intense.


Actualité











Nouvelles séries en cours : 

"Au tableau"

C’est dans le cadre de résidences artistiques ponctuelles dans des établissements scolaires que je réalise ce travail photographique.
A l’origine de ce projet, il y a des rencontres, des échanges avec des adolescents en lycée ou en école supérieure qui révèlent un mal-être parfois très profond lié à la difficulté d’être en établissement scolaire.



"Insondable fragilité"

« Insondable fragilité » est une étude toujours en cours sur le caractère énigmatique, improbable, éphémère du souffle de la vie dans ses manifestations les plus diverses et les plus profondes telles qu’elles apparaissent à mon regard. Aussi ténu soit-il, ce souffle vital se dévoile de façon presqu’imperceptible ou imprévisible parfois métaphorique dans chacune de mes prises de vue. La vulnérabilité de toute existence voire de toutes choses se révèle, dans le saisissement de l’instant photographique, de manière tantôt poignante tantôt bouleversante. Jusqu’à la mort qui peut aussi se montrer sous son vrai visage ou sous forme d’allégorie mais toujours mise en scène par le vecteur de la lumière.










"Journal intime ?"

« Journal intime ? » est en premier lieu un moyen de rendre compte sur un réseau social de mon travail photographique quotidien. Chaque instant de la journée est un moment propice à la prise de vue. Au fur et à mesure des semaines, les commentaires et réactions des « amis facebook » ont transformé ce travail de promotion de mes photographies en un projet interactif et une réflexion sur le concept de journal intime. De Philippe Lejeune (littérature) à Denis Roche (photographie) c’est toute une réflexion sur la photobiographie qui se pose à moi : « On se photographie soi-même quand on prend une photo. On photographie ce qu’on a regardé, donc on se photographie soi-même. On se met dans une situation et à un certain point de vue…)*»<

* « La disparition des lucioles » Denis Roche